La communication sans parole est possible

Certains enfants ou adultes ne parlent pas, ou très peu. Pourtant, cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas communiquer. Grâce à l’orthophonie, il est possible de mettre en place des outils adaptés pour favoriser les échanges, même sans langage oral.

Le rôle des outils de communication alternative

Une méthode multimodale : signes, pictogrammes et langage oral

Le Makaton© est un programme de communication alternative et augmentée (CAA). Il combine des gestes issus de la langue des signes, des pictogrammes, et le langage oral. L’objectif : signer les mots-clés d’une phrase (sans la syntaxe), pour en faciliter la compréhension et l’expression.

« C’est le cas notamment d’un de mes patients, qui ne parlait presque pas en famille, mais communiquait beaucoup avec moi, simplement parce que sa famille n’utilisait pas les signes », explique Bénédicte Ronssin, orthophoniste.

 

L’efficacité du Makaton repose sur l’implication de l’entourage. Pour qu’un enfant utilise les signes, encore faut-il qu’on s’adresse à lui avec ces outils.

Des pictogrammes pour mieux s’exprimer

Autre composante essentielle du Makaton© : les pictogrammes. Ils permettent à la personne de pointer une image pour exprimer un besoin ou une émotion. Ces supports visuels sont particulièrement utiles :

• pour les personnes ayant des troubles praxiques (difficultés à faire les gestes),
• pour renforcer la mémoire visuelle,
• pour soutenir la compréhension et l’expression.

Mais attention : un enfant peut sembler comprendre ce qu’on lui dit alors que ce n’est pas le cas. Il est donc crucial d’adapter le langage oral et de rester attentif à ses réactions.

Déployer des outils adaptés : un enjeu essentiel

Ne pas pouvoir communiquer peut avoir de lourdes conséquences : frustration, troubles du comportement, isolement… Un exemple marquant est celui d’une jeune fille initialement suspectée d’être autiste, alors qu’une surdité non diagnostiquée expliquait ses troubles du comportement.

L’absence d’outils adaptés à sa situation empêchait toute communication efficace.

L’importance de la continuité à la maison

Communiquer, avant de parler

« Souvent, les parents me demandent si leur enfant parlera un jour. Je leur réponds que l’essentiel, c’est qu’il puisse communiquer, même sans parler », confie Bénédicte.

 

 

Bien que les familles espèrent souvent une solution médicale, il n’existe pas de traitement miracle. Mais des progrès sont possibles grâce à la rééducation orthophonique et aux outils de CAA. Le plus puissant “médicament”, c’est l’implication de l’entourage.

Sans relai à la maison, les progrès faits en séance sont souvent limités. Les parents, frères et sœurs, enseignants, doivent poursuivre le travail en s’appropriant les outils proposés. L’alliance orthophoniste – famille est la clé du succès.

L’accompagnement peut commencer dès la naissance, avec des stimulations sensorielles ou des massages favorisant la déglutition et le développement du langage. Mais il n’est jamais trop tard pour commencer.

« J’ai connu un patient de 30 ans qui bégayait : en suivant les pictogrammes du doigt, il a gagné en clarté dans sa parole », se souvient Bénédicte.

 

L’orthophonie joue un rôle essentiel dans la prévention des troubles du langage et du comportement, tout en améliorant la qualité de vie des personnes présentant une déficience intellectuelle. À condition d’impliquer activement l’entourage, elle devient un formidable levier pour développer le potentiel de communication, quelle que soit la forme qu’il prend.